"Une encyclopédiste sans précédent ? Le cas de Hildegarde de Bingen"

Some of the bigest encyclopaedias of the western Middle Ages were composed during the XIIIth century, whereas the XIIth century is supposed to be poorer in this domain. However, in that time, the german abbess Hildegard of Bingen († 1179 ) undertook to describe and list the Creation in her Liber subtilitatum diversarum naturarum creaturarum better known today as Physica, and she can be doubtless also counted among the encyclopaedists of the Middle Ages. She deviates nevertheless by certain aspects of the laws of the genre, in particular by the original position which she adopts and even claims with regard to the sources of her writings. As a visionary, she brings back to God even her work of natural science ; she wants to be independent from any human knowledge and quotes none of her predecessors. But if genius and personal observation have their part in its Physica, only books may be the origin of some of her informations. The question of Hildegard'sources still divides the scholars : some of them attribute her a huge book learning, and others do not doubt her statements of ignorance and insist on her divine gift. This paper tries to show that Hildegard's very personal treatment of certain subjects masks almost completely the origin of her naturalistic knowledge, and makes her an unprecedented encyclopaedist in the medieval literature.Le XIIIe siècle vit naître plusieurs des grande encyclopédies du Moyen Age occidental, tandis que le XIIe siècle passe pour plus pauvre en ce domaine. C'est toutefois l'époque où l'abbesse rhénane Hildegarde de Bingen (†1179) s'attacha à recenser le réel suivant le plan de l'œuvre des Six jours dans son Liber subtilitatum diversarum naturarum creaturarum plus connu sous le nom de Physica, et elle peut sans doute être également comptée au nombre des encyclopédistes du Moyen Age. Elle s'écarte pourtant par certains aspects des lois du genre, notamment par la position originale qu'elle adopte et même revendique par rapport aux sources de ses écrits. Visionnaire, elle rapporte à Dieu même son œuvre de science naturelle, et se veut indépendante de tout savoir humain. Elle ne cite donc aucun de ses devanciers or, si génie et observation personnelle ont leur part dans sa Physica, seule une origine livresque permet d'expliquer certaines de ses connaissances. La question des sources de Hildegarde divise toujours les chercheurs, certains lui prêtant des lectures très étendues, d'autres prenant pour argent comptant ses déclarations d'ignorance et insistant sur son don divin. C'est donc cette question des sources des écrits naturalistes de Hildegarde qui est abordée ici : on tâche de montrer que le traitement très personnel qu'elle fait subit à certains sujets masque presque complètement l'origine livresque de ses informations, et fait d'elle sinon un auteur sans égal, du moins une encyclopédiste sans précédent dans la littérature médiévale